Foire aux questions

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Nous répondons à vos appréhensions et vos interrogations. Ecrivez-nous !

 

Les réponses apportées ci-dessous ne sont pas des réponses officielles. Elles sont là pour contribuer à sensibiliser les internautes sur notre cause.

Aucun point ici ne peut être considéré comme un texte interne du MAK ou faisant partie de son projet.

Les réponses ci-dessous n'ont pas forcément été décidées par les présidents, le conseil national ou le congrès du mouvement.

Cette page a été le produit de militants dévoués que nous remercions.

 

 

Préambule

La question kabyle empoisonne le climat politique en Algérie depuis que celle-ci a accédé à son indépendance. Au bout de quarante-cinq ans de confrontation, les relations tendues entre le pouvoir algérien et la Kabylie ont structuré, de part et d’autre, des réflexes de défiance mutuelle qui, au fil du temps, n’ont fait que radicaliser leurs positions respectives. Leurs rapports sont minés par ce qu’il convient d’appeler le principe de la « rivalité mimétique », ceux d’ennemis irréductibles. L’avenir, selon cette logique et le processus enclenché par la rébellion armée de la Kabylie en 1963 ayant abouti à la révolte du « printemps noir » (2001-2003) en passant par le « printemps berbère » de 1980, est très gros de risques si, du moins, la Kabylie n’a pas son gouvernement autonome. Car, entre la Kabylie et le pouvoir algérien, il n’y a pas qu’un malentendu, il y a un abîme.

D’un côté, la Kabylie qui avait son organisation propre avant la colonisation française de 1830[1] et contre laquelle butait déjà la Régence Turque d’Alger, croyait soit en un nouvel État algérien basé sur l’autonomie des Wilayas[2] de la guerre d’indépendance, soit en une Algérie confédérale dans laquelle la citoyenneté serait aux antipodes des « deux collèges » de la période coloniale qui discriminait les « indigènes » au profit des Européens. Bref, elle croyait en un possible recouvrement, ne serait-ce que partiel, de sa souveraineté perdue face à la France.

La guerre d’Algérie lancée le 1er novembre 1954 et sa Déclaration étaient davantage dictées par l’urgence historique qu’il y avait à mettre fin au système colonial que par la restauration d’un mythique État algérien. C’est en son nom que les berbéro nationalistes de 1949 furent sacrifiés et que la question de l’identité algérienne fut évacuée ; et c’est encore en son nom qu’ont étés commis les premiers assassinats politiques avec ceux de Bennai Ouali, Mbarek Ait-Manguellat et Amar Ould Hamouda[3]. Suivront ceux de Abane puis de Krim et de bien d’autres encore…

L’avenir de liberté était mal défini. Pire ! Il n’a été à aucun moment discuté entre les rédacteurs de la Déclaration du 1er novembre 1954 qui n’énumère que des principes généraux susceptibles d’entraîner le reste des régions du pays autres que la Kabylie et les Aurès qui étaient déjà prêts. L’essentiel était de déclencher un processus de violence armée devant mener, à terme, à l’indépendance de l’Algérie.

Les problèmes politiques internes étaient différés sine die. Le Congrès de la Soummam, tenu en Kabylie en pleine guerre et sur initiative d’un kabyle, Abane Ramdane, était préoccupé par les mêmes urgences et il fut contesté dans son fond comme dans sa forme par les adversaires déjà déclarés de la Kabylie et dont certains, même après avoir accédé à la magistrature suprême, en récusent à ce jour l’esprit et les termes.

Cette opposition n’avait pas empêché la Kabylie de s’engager corps et âme dans la guerre d’indépendance jusqu’à son terme, le 19 mars 1962.

C’était à ce moment-là que les responsables politico-militaires kabyles, ayant survécu à plus de sept ans de guerre, réalisèrent que leur idéal de liberté pour lequel la Kabylie avait tant donné, était en train de leur échapper. Ils engagèrent une nouvelle guerre contre le nouvel État algérien sous la bannière du FFS et de son leader charismatique Hocine Ait Ahmed, et sont qualifiés, par les tenants du régime, comme les berbéristes de 1949, de « sécessionnistes » et de « séparatistes ».

Après leur défaite face au régime d’Alger, les Kabyles ne se sont jamais reconnus dans l’État algérien qui se confond avec son pouvoir et seront toujours étiquetés comme « ennemis intérieurs », séparatistes, sécessionnistes, voire même « agents du colonialisme ». Quel triste et amère constat quand on connaît le sacrifice auquel a consenti la Kabylie pour la libération de l’Algérie.

Aussi, depuis « l’indépendance de l’Algérie », la Kabylie tourne délibérément le dos au pouvoir algérien et à ses institutions oppressives. Luttant pour son identité, sa langue et sa culture dans un nouveau pays qui la nie et dans lequel elle est minoritaire, elle aspire à la démocratie et au respect des droits humains susceptibles de lui garantir un minimum d’espace de survie. C’est ainsi que la Kabylie a porté les coups de boutoirs les plus décisifs au parti unique à travers le « printemps berbère »[4] d’avril 1980 et la création de la 1ère Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme[5].

Après 1989, la Kabylie est de nouveau isolée et son rêve de fraterniser avec une Algérie ouverte et démocratique s’envole en fumées de feux de pneus et de barricades, de grèves générales, de sit-in, de matraques et de cette répression permanente qui la marque au fer pour, au moins, un siècle encore.

La Kabylie refuse de se dissoudre, dans une Algérie raciste, intégriste se définissant comme Arabe, antichambre d’une Algérie fasciste et arabo-islamiste à laquelle on arrive ces derniers temps. Ce refus s’est manifesté par la marche du 25 janvier 1990, le boycott scolaire de 1994/95, la révolte ayant suivi l’assassinat de Matoub Lounès le 25/06/1998, le massacre du « printemps noir » de 2001[6] et la marche historique du 14 juin 2001 qui a regroupé pas moins de deux millions de kabyles. Depuis près de 20 ans maintenant, la Kabylie manifeste son désaccord politique avec Alger par le BOYCOTT SYSTÉMATIQUE DE TOUTES LES ELECTIONS (Référendums, présidentielles, législatives ou élections générales).

Du côté de l’État algérien, les actes sont plus graves. En héritant de l’État colonial français, le régime algérien en a prolongé les pratiques, les méthodes, les visions jacobines et les réflexes colonialistes, du moins envers les Kabyles dont l’identité, la langue et la culture sont déclarées subversives[7] et sont férocement combattues.

Le pouvoir algérien s’est donné pour objectif leur extinction définitive en mettant en place une politique de génocide culturel à travers l’arabisation de leur école qui n’a entrouvert ses portes (à la langue « amazighe » et non pas à la langue kabyle) que depuis 1996. La Constitution algérienne ne l’a intégrée qu’en 2002 en tant que « langue nationale » et non officielle, sans que cela ne se traduise par un changement réel de la situation linguistique[8] dans les institutions.

Bien au contraire, il y a un véritable Apartheid séparant des super-Algériens et des infra-Algériens. La loi discriminatoire et coloniale portant sur la généralisation de la langue arabe à l’exclusion formelle de notre langue naturelle et légitime, le kabyle, est en soi un exemple édifiant.

La politique de discrimination des « deux collèges » sur la base de l’identité culturelle tant décriée pendant la période coloniale est ainsi largement reconduite depuis 1962. Les Kabyles sont des sous-citoyens sur leur propre terre. Ils sont, emprisonnés, torturés, surveillés, provoqués, insultés, rackettés, assassinés et désignés à la vindicte nationale pour leur attachement à leur personnalité exclue de l’identité algérienne.

Jusqu’ici, tous ceux qui ont eu à présider aux destinées de l’Algérie ont poursuivi inlassablement une politique de dépersonnalisation de la Kabylie pour en finir avec son identité millénaire à travers une arabisation toujours recommencée et toujours plus sophistiquée. Ils n’ont jamais hésité à réprimer, assassiner, emprisonner et torturer des opposants ou des manifestants attachés à leur identité kabyle.

La résistance insoupçonnée de la Kabylie à ces assauts décuple à chaque fois la hargne des gouvernants à frapper plus fort, à aller plus loin dans leur hostilité et leur volonté de détruire les structures économiques, sociales et culturelles kabyles. Même leurs oliveraies n’y échappent pas et sont volontairement incendiées chaque été au napalm par l’armée algérienne.

Depuis une dizaine d’années, nous en sommes arrivés au quadrillage militaire de la Kabylie. Est-ce pour prévenir des intentions qu’elle n’a pas ou pour les susciter ? Quoi qu’il en soit, le pouvoir algérien, son armée et sa gendarmerie seront les seuls responsables de toute nouvelle flambée de violence en Kabylie.

On le voit, les suspicions et les méfiances mutuelles sont l’expression d’un compagnonnage mortifère où l’engrenage de la défiance a mené les deux parties à un point de non-retour. Le pouvoir algérien veut en découdre avec la Kabylie.

Les Kabyles n’ont plus confiance en l’État algérien quelles que puissent être ses déclarations qui sont immédiatement contredites par ses actes.

On n’effacera pas d’un coup d’éponge tant de décennies de souffrance, de discrimination, de meurtre et d’injustice à l’encontre d’un peuple.

Un peuple a toujours une mémoire. La nôtre, encore fraîchement meurtrie, nous interdit d’oublier les crimes commis contre la Kabylie de 1949 à 2001, en passant par 1963 et 1980. Rien ne pourra résoudre le problème kabyle sans justice et réparation pour tous les crimes commis contre la Kabylie.

La cicatrisation, elle, ne se fera que le jour où la Kabylie accédera à sa liberté.

Il est vital d’éviter l’usage de la force et les dérives de la violence pour résoudre dans le sens de l’Histoire et des droits reconnus à chaque peuple, la question kabyle.

Aussi, devant l’opinion internationale, au nom du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (M.A.K), nous proposons :

1 – La reconnaissance par la communauté internationale, du peuple kabyle

2 – L’application du droit à l’autodétermination pour la Kabylie.

En cas de doutes sur l’aspiration de la Kabylie à prendre en main son destin, nous proposons la tenue, le plus tôt possible, d’un référendum précédé d’un débat dans tous les villages et cités de la Kabylie. Pour tout démocrate, le verdict des urnes est la seule façon de connaître la volonté d’un peuple.

[1] Il est à noter que la Kabylie a fait l’objet de plusieurs expéditions coloniales et fut conquise en 1857 après la défaite de Fadhma N Soumer, soit 27 ans après Alger.

[2] Départements administratifs.

[3] Premiers assassinats politiques ordonnés par la direction politique du F.L.N. en 1956

[4] Voir note n°5.

[5] Créée en juin 1985, la plupart de ses fondateurs sont issus du Mouvement Culturel berbère

[6] Le massacre du Printemps Noir de 2001 a occasionné 127 victimes pour lesquelles une plainte sera adressée à la Cour Pénale Internationale, le Rapport Issad, pourtant accablant contre la gendarmerie algérienne, n’ayant eu aucune suite.

[7] Discours du président Chadli Benjedid au lendemain du 20 avril 1980 où il définissait la question kabyle comme un « vestige des pères blancs » et une création du colonialisme français.

[8] La langue kabyle est strictement interdite d’usage dans tous les domaines : administratifs, juridiques, scolaires etc.

Qu’est-ce que le Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) ?

Le MAK est un cadre de rassemblement ouvert à toutes les forces vives de la Kabylie qui souhaitent militer en faveur du droit du peuple kabyle à son autodétermination. Il a vu le jour dans le chaud de l’action, le 5 juin 2001, durant la dernière révolte populaire kabyle plus communément appelée le Printemps noir.

C’est un mouvement d’essence démocratique et pacifique qui fonde son action sur les principes universels de tolérance et de respect des Droits de l’Homme et des Droits des Peuples.

Le MAK est-il un parti politique ?

Non. Le MAK est une organisation qui transcende tous les clivages politiques. Son seul et unique objectif est celui de la concrétisation du droit du peuple kabyle à édifier un Etat démocratique, social et laïque en faisant valoir son droit à l’autodétermination.

N’ayant pas pour objectif la conquête du pouvoir, ni la participation à son exercice, le MAK ne présentera aucun candidat à quelque élection que ce soit.

Il s’auto-dissoudra une fois l’objectif atteint.

Qu’est-ce que l’autodétermination ?

Pour internationaliser la question kabyle, le 2ème Congrès du MAK tenu les 9 et 10 décembre 2011, a adopté le droit à l’autodétermination comme objectif et moyen stratégiques en vue de sortir du face à face avec un Etat autiste et passer du huis clos algérien à la lumière du droit international. Ainsi, le MAK inscrit le combat du peuple kabyle qui aspire à instaurer son propre Etat dans le cadre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes par lequel chaque nation choisit le statut politique qui lui sied.

Le droit à l’autodétermination présente deux dimensions : interne et externe. La dimension externe signifie que les peuples vivant sous l’occupation étrangère disposent du droit à l’autodétermination qui prend la forme d’indépendance totale. La dimension interne signifie que les communautés présentant des spécificités culturelles au sein d’un même pays disposent du droit à l’autonomie dans le cadre de l’Etat.

Conformément à la résolution 2625 (XXV) du 24 octobre 1970, intitulée « Déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les États conformément à la Charte des Nations-Unies » (La création d’un Etat souverain et indépendant, la libre association ou l’intégration avec un Etat indépendant ou l’acquisition de tout autre statut politique librement décidé par un peuple constituent pour ce peuple des moyens d’exercer son droit à disposer de lui-même), l’indépendance et l’autonomie peuvent être la concrétisation d’une forme d’autodétermination et d’expression du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Le Concept du droit à l’autodétermination a donc pour la période actuelle au moins deux avantages que la base militante et le citoyen kabyle comprennent aisément :

  1. Le droit à l’autodétermination est tout simplement un exercice de démocratie. C’est un référendum par lequel chaque citoyen est appelé à s’exprimer en son âme et conscience sur le mode de gouvernance qu’il souhaite pour son peuple.
  2. Il ouvre tous les possibles qui peuvent se résumer, pour l’avenir politique de la Kabylie, aussi bien au statu quo qu’à l’évolution vers une gouvernance kabyle dans le cadre interne de l’Algérie (autonomie, un statut particulier, fédéralisme, régionalisation …) ou dans le cadre externe, autrement dit aller vers l’indépendance.

À travers ce droit à l’autodétermination, nous recherchons à rendre la parole au peuple kabyle au moment opportun afin qu’il soit en mesure de choisir librement le statut politique qui lui sied (Autonomie ou Indépendance) à l’issue d’un référendum sur l’autodétermination organisé en Kabylie, sous garantie et contrôle des instances internationales.

Qu’est-ce qu’un Etat Kabyle ? Quelles sont ses compétences ?
  1. En tant que peuple et en tant que nation, la Kabylie disposera de son propre Etat. Le peuple kabyle définira librement et souverainement sa forme par voie référendaire.
  2. Quelle que soit la forme de l’Etat qui sera choisie par le peuple kabyle, l’autorité politique sera exercée de manière démocratique, républicaine et égalitaire, conformément aux valeurs ancestrales kabyles qu’il convient simplement d’adapter aux exigences modernes. Instruit par sa douloureuse expérience après la guerre d’Algérie, le peuple kabyle ne saurait quitter une dictature pour en rejoindre une autre.
  3. Le parlement kabyle, démocratiquement élu, est tenu de respecter la représentativité effective de tous les Archs de Kabylie. Une fois élu, le parlement désignera, en fonction de sa composition politique, un chef de l’exécutif qui à son tour formera le gouvernement.
  4. En plus du parlement, d’autres institutions nécessaires au fonctionnement et à l’équilibre des institutions de la Kabylie seront créées : Conseil constitutionnel, Conseil régionaux, Conseil des Archs, Sénat, Divers organes de contrôle des exécutifs, etc...
  5. Les Archs et confédérations des Archs, dissouts par le régime colonial français après le soulèvement de 1871, reprendront leur place naturelle dans l’organisation sociopolitique du pays kabyle. Ils remplaceront les institutions imposées par le régime raciste d’Alger qui ont pris la relève des « sections administratives des affaires indigènes » d’avant l’indépendance confisquée. Chaque village, chaque quartier (institutions de base du pays kabyle) seront représentés proportionnellement au nombre de leurs habitants à travers des représentants démocratiquement élus par l’instance de base AGRAW /TAJMAAT.
  6. L’Etat kabyle disposera de ses propres armoiries, de sa propre devise et de son propre drapeau.
  7. Dans tous les cas de figure à l’issue du référendum, les domaines de compétence de l’Etat kabyle comprendront tous les domaines de la vie quotidienne ; notamment ceux ayant trait à la sécurité civile, à l’éducation, à la culture, à la santé, à la justice et aux droits humains, à l’information et aux médias, aux transports et à leurs infrastructures, aux finances et à la fiscalité, au budget et à l’économie en général, à l’environnement, à l’aménagement du territoire et à l’exploitation des ressources et des richesses naturelles. Quelle que soit la forme de l’État issue du référendum d’autodétermination, le peuple kabyle exercera une souveraineté pleine et entière sur ses ressource et ses richesses naturelles existantes ou à découvrir.
  8. La défense, l’émission de la monnaie et la définition de la politique étrangère sont des domaines de compétence qui seront définis en fonction du statut politique qui émanera de la volonté librement exprimée par le peuple kabyle à l’issue du référendum d’autodétermination de la Kabylie.
Quelles sont les limites territoriales de la Kabylie ?

L’Etat Kabyle devra regrouper l’ensemble des communes berbérophones des actuelles wilayas de Bgayet, Tizi Ouzou, Tubiret, Bordj Bou Arreridj, Sétif, Boumerdès et Jijel - globalement le territoire de l’ancienne wilaya III de la guerre d’Algérie, ajusté aux réalités sociolinguistiques d’aujourd’hui. Dans les zones limitrophes bilingues, les populations locales devront pouvoir déterminer librement leur attachement ou non à la Kabylie par voie de référendums locaux. Un redécoupage du territoire des actuelles communes pourra également être envisagé lorsque la répartition des langues à l’intérieur d’une commune est clairement géographique.

Quels moyens se donne le MAK pour atteindre son objectif ?

Le MAK est un mouvement résolument pacifique et sa démarche est avant tout politique. De ce fait, il restera très vigilant face aux provocations et autres tentatives de déstabilisation visant à plonger la Kabylie dans la lutte armée. Le MAK axera prioritairement son action sur les terrains suivants :

Porter la question kabyle devant les institutions internationales à travers une action diplomatique du GPK pour arracher le droit du peuple kabyle à disposer de lui-même.
Désobéissance civile et rejet de toute élection en Kabylie jusqu’à l’organisation d’un référendum d’autodétermination de la Kabylie
Consultation de la population par pétition et par voie référendaire.
Mise en place d’institutions citoyennes kabyles pour pallier aux institutions algériennes rejetées en Kabylie.
Auto-affirmation culturelle par l’instauration d’un enseignement du kabyle dans les écoles, collèges et universités de Kabylie.
Usage du kabyle dans l’espace public (panneaux de signalisation, frontons des édifices publics...).

Quelles sont les modalités de mise en place d’un Etat kabyle ?
  1. L’Etat Kabyle sera proclamé à l’issue d’un référendum sur l’autodétermination organisé en Kabylie, sous garantie et contrôle des instances internationales.
  2. La forme de l’Etat kabyle (Etat Autonome, ou Indépendant) sera définie par le peuple kabyle selon le statut politique qu’il aura librement et souverainement choisi.
  3. Les modalités de mise en œuvre du référendum d’autodétermination seront négociées avec l’Etat algérien, sous l’égide et le contrôle des instances internationales, par des représentants , issus de tous les Archs de Kabylie, élus à cet effet au cours du Congrès national kabyle qui sera convoqué, comme déjà annoncé, à l’initiative conjointe du MAK et du GPK.
  4. Enfin, une Constituante sera élue pour rédiger la future Constitution kabyle sur la base du choix exprimé par le peuple kabyle à l’issue du référendum.
Quelles relations entretient le MAK avec le RCD et le FFS?

Pour le FFS et le RCD, le MAK est leur face cachée, leur côté ombragé qu’ils ont peur de révéler au grand jour. Ils auraient aimé avoir notre courage et notre aisance à nous assumer avec fierté en tant que Kabyles, appartenant au grand et valeureux peuple kabyle.

Malheureusement, le poids de leur passé les plombe et les en empêche. Ce passé les a acculés dans un cul-de-sac politique d’où ils ne peuvent sortir sans mourir. Alors, il ne leur reste qu’à courtiser une Algérie arabo-islamiste qui les méprise et les rejette de toutes ses forces.

...

Le RCD et le FFS ont peur de nous rencontrer à titre officiel. En dehors d’une invitation du RCD à sa convention en 2012, il n’y a pas de rapports de structures à structures, pas de dialogue entre nous.

Nos incessants appels à de telles initiatives n’y ont jamais trouvé d’écho favorable. Même lorsque le RCD avait invité le MAK à sa "Convention nationale", c’était davantage pour servir de caution à l’invitation de l’islamoterroriste Ali Benhadj à la même rencontre où, le vrai rapprochement avec le courant intégriste fut amorcé, que pour entretenir des liens de bon voisinage avec nous.

Propos de Ferhat Mehenni au journal numérique Le Matin d'Algérie le 20/03/2016.

Pourquoi les médias en Algérie boycottent le MAK?

Pour disposer d’un média en Algérie, il vous faut un agrément que vous n’obtenez que si vous montrez patte blanche vis-à-vis du pouvoir en place... C’est donc un système qui fait des médias des auxiliaires de propagande du régime en place. Globalement, en Algérie la presse est aux ordres des tenants du pouvoir. Ceci, étant, nous disposons de sympathies réelles au sein de nombreuses rédactions parmi les médias francophones, où depuis quelques mois, nous avons de temps en temps droit à des articles neutres, quand ils ne sont pas légèrement favorables. En revanche, dans la presse arabophone, la haine du Kabyle passe pour une vertu et une règle. C’est de l’infamie.

Cette censure qui s’exerce, en Algérie comme en France d’ailleurs, contre nos activités et notre actualité prête à sourire. Quand la presse refuse de nous médiatiser, elle ne nous diminue en rien, elle se mutile et se ridiculise. Elle piétine son principe fondamental, le devoir d’informer, et donne l’image de la personne qui casse le thermomètre pour faire baisser la fièvre. Or, la censure aujourd’hui est impossible.

Propos de Ferhat Mehenni au journal numérique Le Matin d'Algérie le 20/03/2016.

Quelle est la réalité de l'implantation du MAK en Kabylie ?

La réalité de notre implantation en Kabylie se manifeste à travers les créations incessantes de sections locales sur la quasi-totalité du territoire kabyle. Ceux qui ont suivi le rythme des mises en place des sections du MAK à Bgayet, Tubirett, Tizi-Wezzu, Bumerdas, Buṛǧ Buɛṛaṛiǧ, Seṭṭif... s'en sont certainement rendu compte.

Par ailleurs, depuis le congrès constitutif de 2007, nous avons fait de l’université le bastion du MAK. Avec la mise en place de nos trois Conseils universitaires à l’Université Mohand Oulhadj de Tubirett, l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Wezzu et à l’Université Abderahmane Mira de Bgayet, la communauté estudiantine kabyle est fortement impliquée dans le MAK, au grand dam de tous ceux qui cherchent à normaliser l’Université kabyle...

Cette réalité-là n’a d’ailleurs pas échappé à l’Etat algérien. Ce n’est pas pour rien que les forces répressives algériennes ont quadrillé la Kabylie le jour de notre troisième congrès...  Il me semble que quand une organisation politique est insignifiante, on ne se donne pas tant de peine pour empêcher la tenue de son congrès.

Propos de Bouaziz Ait Chebib au site Tamazgha le 16/03/2016.

Le MAK prône l'Indépendance ou l'Autonomie de la Kabylie?

Le MAK prône l'Autodétermination.

La seule manière d’impliquer les instances et la communauté internationales, c’est évidemment de se conformer aux textes des Nations unies, et par la même occasion confronter ces mêmes instances à leurs propres lois. L’autodétermination est la colonne vertébrale des traités, des conventions et des chartes de l’ONU relatifs aux droits des peuples.

L’autodétermination a un autre avantage par rapport à la situation kabyle, que ce soit au sein du MAK ou dans la mouvance kabyliste de manière plus générale, elle a l’avantage non négligeable de n’exclure ni l’autonomie ni l’indépendance qui restent des options parmi d’autres. Les deux options citées sont majoritaires chez les militants kabyles. Elles se complètent et convergent toutes les deux vers l’avènement d’un Etat kabyle. Alors, au lieu qu’il y ait confrontation entre les deux visions, il était vital de les rassembler autour d’un objectif commun à savoir l’autodétermination de la Kabylie. Et au final le dernier mot revient au peuple kabyle dans sa totalité. C’est lui qui décidera par lui-même, et par voie référendaire, du mode de gouvernance qui lui convient le mieux... Avec cette démarche, nous sommes dans le respect du libre choix, de la démocratie et du droit international.

Propos de Bouaziz Ait Chebib au site Tamazgha le 16/03/2016.

Que fait le MAK contre la salafisation de la Kabylie?

Face aux tentatives de salafisation de la Kabylie, le MAK n’est pas resté bras croisés. Il n’y a que le MAK qui sillonne la Kabylie, dans les villages et dans les villes, au plus près du peuple kabyle, pour apporter la contradiction à la normalisation et à la salafisation de la société kabyle. Ce sont les militants du MAK qui ont organisé le déjeuner public du 3 août 2013, en plein ramadan, pour défendre la liberté de culte et de conscience, ce sont les militants du MAK qui soutiennent activement les non-jeûneurs qui sont les victimes de l’inquisition.

Et c’est encore le MAK qui a animé des dizaines de meetings pour sensibiliser contre la dépersonnalisation de la Kabylie et défendre sa laïcité ancestrale.

Le MAK est omniprésent sur des questions de fond, comme celles soulevées par la salafisation, et c’est sur le terrain que cela se passe, au mépris de tous les dangers que cela implique.

Propos de Bouaziz Ait Chebib au site Tamazgha le 16/03/2016.

Pourquoi le MAK ne favorise pas des actions de défiance et de désobéissance civile ?

Le MAK en tant que structure est en désobéissance civile permanente. Le MAK a organisé des votes pour l’élection du drapeau kabyle dans les villages de Kabylie, des meetings et des rassemblements suivis de lever de l’emblème kabyle au nez et à la barbe des services répressifs algériens, des actions de rue sans demander aucune autorisation, un déjeuner public en plein ramadan, un congrès sous état de siège. Alors si tout cela ce n’est pas de la défiance, je me demande bien comment on pourrait définir ces actions.

Nous avons même obligé des ministres algériens à rebrousser chemin et quand ils sont venus soi-disant se recueillir sur la mémoire du grand chanteur Taleb Rabah, ils ont été obligés de passer sous les drapeaux kabyles et amazighs que le MAK a fait flotter au-dessus de leur tête. Ils n’ont pas bronché ni osé les retirer. C’est la pire des gifles que puisse recevoir un Etat colonial, et cela c’est le MAK qui l’a fait et personne d’autre. Alors en termes de défiance, je crois que personne ne peut être à la hauteur du MAK en Kabylie.

Maintenant si il s'agit d’engager la totalité du peuple kabyle dans des actes de défiance et de désobéissance civile, le MAK est un Mouvement responsable qui n’entend pas mettre inutilement en difficulté la société kabyle qui croule déjà sous toutes sortes de difficultés.

Propos de Bouaziz Ait Chebib au site Tamazgha le 16/03/2016.

Quels sont les liens entre le MAK et ses structures à l'extérieur?

Ce sont des liens de complémentarité. Nos structures à l’étranger prolongent l’action du MAK en dehors de la Kabylie.

Le rôle du MAK est le terrain, le rôle du Gouvernement provisoire en exil est une action diplomatique qui vise à plaider la cause légitime du peuple kabyle à sa propre existence, comme cela a déjà été fait au Parlement européen, à l’ONU, en Amérique, au Canada, en France, en Allemagne etc., celui de nos Réseaux militants est de porter la voix de la Kabylie souveraine à l’extérieur et d’organiser la diaspora.

Les liens entre l’intérieur et l’extérieur sont soudés autour de la même cause, celle de la souveraineté du peuple kabyle, ayant chacun des rôles et des prérogatives parfaitement définies.

Propos de Bouaziz Ait Chebib au site Tamazgha le 16/03/2016.

Le MAK est-il financé par des pays étrangers, le Maroc et Israël entre autres ?

Si nous avions été financés par le Maroc et par Israël, croyez-moi que l’état de nos finances ne seraient pas aussi difficile. Le MAK n’a jamais eu de soutien financier ou logistique de cette nature et personne n’ignore en Kabylie les conditions lamentables dans lesquelles nous menons notre combat : un combat pacifique et civilisé face à un régime qui incarne, sous toutes ses formes, la barbarie des régimes totalitaires arabes.

D’autre part, il est bien connu que les régimes totalitaires accusent systématiquement les oppositions démocratiques d’intelligence avec l’étranger, à plus forte raison quand celles-ci revendiquent un droit légitime comme celui de l’autodétermination. La Kabylie, bastion de toutes les causes justes en Afrique du nord, n’a pas échappé à cette règle infâme.

N’ayant aucun argument en mesure de faire face à la justesse et la noblesse de notre combat, le pourvoir colonial algérien et ses appendices accusent le MAK d’être téléguidé et financé par les forces étrangères, considérées comme hostiles à l’Algérie. L’Etat algérien, maître dans l’art de la perversion, utilise l’argument d’un financement par le Maroc, Israël, la France, les USA...

En ce qui concerne Israël et le Maroc, les raisons en sont évidentes : ils exploitent les sentiments irrationnels de haine pour ces deux pays qu’ils ont réussi à inculquer aux Algériens. Les opposants kabyles, ont de tout temps été accusés de faire le jeu du Maroc, rival de l’Algérie, et d’être les agents du sionisme. Or, on connait les passions ravageuses de "la rue arabe" dès lors qu’il s’agit d’Israël.
Fort heureusement, cette propagande ne peut pas prendre en Kabylie mais elle a bien pris ailleurs. Peu importe, on connait la chanson en Kabylie et c’est l’essentiel.

Le MAK ne compte que sur le sens de l’engagement et la solidarité kabyle. Le peu de moyens dont il dispose provient des dons de citoyens kabyles soucieux de l’avenir et du devenir de leur patrie. Nous remercions tous les Kabyles qui nous aident à mener notre peuple vers sa libération et son émancipation.

Propos de Bouaziz Ait Chebib au site Tamazgha le 16/03/2016.

Y a-t-il un manque de fonctionnement démocratique au sein du MAK?

Le fonctionnement du MAK est fondamentalement démocratique et c’est justement ce qui fait son succès auprès de la jeunesse kabyle qui ne plaisante pas avec ses idéaux démocratiques. Personne ne peut contester cette vérité sauf à être de mauvaise foi. Toutes nos structures sont dotées d’une totale autonomie d’action et de décision ; c’est ce qui a permis la multiplication de nos actions et de nos activités sur le terrain. La force du MAK est justement d’avoir libéré les énergies. Le potentiel militant est libre d’agir dans le cadre du Mouvement pour peu que ces actions et son discours cadre avec la ligne politique du Mouvement. Il n’y a pas plus démocratique que cela. D’autre part, aucune décision politique n’est prise en dehors d’un large débat au sein de toutes nos sections locales. Le Projet pour un Etat kabyle (PEK), par exemple, a été débattu et amendé point par point. Cela nous a pris un temps fou mais aucun militant ne peut dire que son opinion sur la question n’a pas été entendue et discutée.

Il y en aurait qui pourraient penser que quand la majorité des militants n’adhère pas à leurs idées, c’est anti-démocratique. Or la démocratie c’est justement le contraire. Quand une question est débattue et adoptée par la majorité des militants, si elle ne convient pas à certains et que leur propre perception des choses est rejetée, ils ne peuvent pas affirmer que ce n’est "pas démocratique".

Propos de Bouaziz Ait Chebib au site Tamazgha le 16/03/2016.

Le projet politique du MAK ne divise-t-il pas l'Algérie?

Les divisions sont naturelles et historiques. Elles ne sont accentuées que parce que l’Algérie est en elle-même un pays carcéral.

L'action du MAK vise à éviter de nombreux futurs bains de sang, que ce soit en Kabylie ou ailleurs. Elle est basée sur le droit, particulièrement le droit des peuples à leur autodétermination. Quand la Kabylie refuse de subir l’Algérie, l’arabisation de ses enfants, la dictature coloniale étrangère à ses valeurs et à son identité, elle exprime une aspiration légitime. Elle n’a plus le droit de compromettre la souveraineté de sa décision sur son destin, son économie, son éducation, sa sécurité, son développement économique.

L’Algérie a occasionné à la Kabylie un retard d’un demi-siècle sur tous les plans. C’est un crime contre l’humanité. La Kabylie à vocation à devenir une Silicon Valley nord-africaine et non à vivre à genoux, humiliée par un Etat voyou et raciste.

Propos de Ferhat Mehenni au journal d'information Algérie Focus le 19/07/2015.

Pourquoi Ferhat Mehenni s'est rendu en Israël malgré le conflit Israélo-Palestinien?

Ferhat Mehenni : « Le voyage en Israël est avant tout un acte de souveraineté nationale de la Kabylie. L’Anavad ne saurait calquer sa politique étrangère sur celle de l’Algérie.

Pour moi, tous les crimes sont condamnables. Pour autant, il me semble qu’il y a en Algérie de nombreux esprits borgnes. Ils condamnent Israël puis, sans aucun remords, vont voter Bouteflika qui a massacré 130 enfants kabyles lors du Printemps Noir. Au nom de quoi passent-ils le deuil des autres pour plus légitime que celui des Kabyles ? Les larmes d’autrui pour plus chaudes que les nôtres ? Le sang des autres pour plus cher que le kabyle ?

Quant à la comparaison entre les peuples palestinien et kabyle, il y a au moins cette grande différence. Les Palestiniens ont leur « autorité » reconnue par le monde entier, à commencer par Israël. Il y a quelques jours, c’est M. Benyamin Netanyahou en personne qui a appelé Mahmoud Abbas pour lui proposer la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Les Palestiniens ont des territoires administrés par eux-mêmes, des représentations diplomatiques dans plusieurs pays du monde, des dizaines de pays arabes les financent à coups de milliards de dollars et ils ont un statut de membre à l’UNESCO et celui d’observateur à l’ONU, dont les portes vont bientôt s’ouvrir pour leur grand bonheur. J’en suis heureux pour eux et les en félicite. Ils sont mêmes dispensés de l’épreuve du référendum d’autodétermination que nous nous échinons à arracher pour nous. En revanche, les Kabyles n’ont rien, même pas une entité administrative officielle qui s’appelle la Kabylie ! Rien ! Et cela ne semble nullement scandaliser ceux qui nous reprochent notre visite à Jérusalem.

Je crois que ce que l’on me reproche en vérité n’est pas tant le fait d’aller en Israël qui serait juste un prétexte, mais de chercher des soutiens pour le droit du peuple kabyle à disposer de lui-même.

Mon voyage en Israël, ce seul pays démocratique du Moyen-Orient, est un acte sain. Je n’hésiterais pas à y repartir s’il le faut.

Je suis un humble défenseur du peuple kabyle et j’irai chercher soutien là où on voudrait bien me le prêter. J’aurais aimé être reçu par tous les pays arabes, trouver un réconfort moral auprès d’eux. Hélas ! Jusqu’ici, aucun d’entre eux ne veut reconnaître la Kabylie et son gouvernement provisoire. Alors, mettez-vous à ma place ! »

Propos de Ferhat Mehenni au journal d'information Algérie Focus le 19/07/2015.

Ferhat Mehenni dispose-t-il d'un passeport algérien?

Ferhat Mehenni : « J’ai choisi de ne plus renouveler mon passeport algérien. J’ai bataillé pendant trois ans pour avoir le statut de réfugié politique en France et disposer enfin d’un « titre de voyage pour réfugié » conformément à la convention de Genève de 1951. Tant que je militais pour une Kabylie autonome, j’étais dans mon droit d’avoir un passeport algérien. En revanche, depuis la mise sur pied de l’Anavad, le gouvernement provisoire kabyle, ce serait de l’indécence de ma part de disposer d’un passeport d’une nationalité qui n’est plus la mienne. Aujourd’hui, ma seule nationalité est kabyle. »

Propos de Ferhat Mehenni au journal d'information Algérie Focus le 19/07/2015.

Ferhat Mehenni craint-il de rentrer en Kabylie?

Ferhat Mehenni : « Moi qui ai fréquenté tant de geôles algériennes ne peux en avoir peur. Je ne crains pas la mort, mais je ne suis pas non plus suicidaire ! Le combat politique pour l’indépendance de la Kabylie mérite que je le mène à son terme et je n’ai pas le droit de le laisser au milieu du gué. Je n’ai même pas le droit de tomber malade ! J’ai le ferme espoir de fouler de nouveau le sol de ma Kabylie natale, mais en territoire indépendant et libre. »

Propos de Ferhat Mehenni au journal d'information Algérie Focus le 19/07/2015.

Qu'en sera-t-il des kabyles qui vivent en Algérie, des couples mixtes et des algériens qui souhaitent se rendre en Kabylie?

Il appartiendra au gouvernement kabyle dans une Kabylie indépendante de statuer sur la nécessité d’établir un visa ou non pour les étrangers à la Kabylie. Quant au fait de se poser  des questions sur la manière de régler des questions de détails de lieu, de résidence et de vie matrimoniale, nous avons déjà un précédent : l’indépendance de l’Algérie. Il y avait bien des Algériens qui vivaient en France ou qui étaient en couples mixtes. Chacun a continué de vivre comme il le souhaitait. Pour le cas de la Kabylie aussi, chacun aura à vivre la citoyenneté de son choix. Les non Kabyles vivant en Kabylie seront traités sur un pied d’égalité avec les citoyens kabyles. La citoyenneté leur sera garantie.

Propos de Ferhat Mehenni au journal d'information Algérie Focus le 19/07/2015.

Qu'est-ce qu'être kabyle ?

Être kabyle, c’est d’abord une origine parentale, ensuite avoir le sentiment d’appartenance au peuple kabyle, vouloir partager son identité, sa langue et sa culture, les aimer et les promouvoir, partager ses rêves, ses épreuves et ses souffrances. Il y a bien sûr mille et une façons d’être kabyle. J’en ai tant rencontré.

Toutefois, je ne pense pas que le fait d’être d’origine kabyle autorise quiconque à opposer à la nation kabyle un déni d’existence. Je vois par exemple sur les réseaux sociaux, ceux qui commencent par affirmer qu’ils sont kabyles, mais juste pour se donner le droit de dénier au peuple kabyle d’être indépendant. On ne peut pas aimer son peuple et lui souhaiter la soumission. Aimer son peuple c’est d’abord lui vouloir la liberté et l’épanouissement.

Propos de Ferhat Mehenni au journal d'information Algérie Focus le 19/07/2015.

Qu'est-ce qu'être algérien?

Être algérien, c’est vivre avec une mentalité de colonisé, en se regardant obsessionnellement dans le miroir de la France pour savoir si l’on est arrivé à la cheville de celle-ci ou pas encore. Pour un Kabyle, être algérien c’est condamner son identité kabyle au folklore, puis à son extinction.

En tant que peuple kabyle, nous n’acceptons plus d’être une minorité nationale. Car une minorité nationale est condamnée à une mort, lente certes, mais sûre. Être algérien, c’est renoncer à sa véritable identité, c’est consentir au suicide collectif, suicide linguistique, identitaire et culturel. Je le refuse haut et fort. La Kabylie libre et indépendante vivra, la nation kabyle libre et indépendante vivra ! Les dés sont jetés. L’Histoire va enfin parler.

Propos de Ferhat Mehenni au journal d'information Algérie Focus le 19/07/2015.

Que dites-vous aux algériens?

Ferhat Mehenni : « Je dis aux Algériens auprès desquels nous n’avons pas bonne presse en tant que Kabyles que l’avènement d’une Kabylie indépendante sera le début de leur bonheur. Le bonheur de tous les peuples d’Algérie.

La Kabylie ne se fera pas contre vous mais pour votre propre liberté et votre propre dignité. La Kabylie a vocation à tirer tout son environnement vers le haut.

L’Algérie que vous aimez tant tire vers le bas, avec le racisme, le charlatanisme, le sous-développement, la rapine et la corruption. Avec la Kabylie indépendante vous verrez de vos yeux que d’autres rêves, d’autres fraternités et d’autres solidarités sont non seulement possibles mais réelles. »

Propos de Ferhat Mehenni au journal d'information Algérie Focus le 19/07/2015.

Comment le MAK arrive à mobiliser dans un pays aussi despotique et où les libertés d’opinion sont outragées ?

Le régime algérien, aussi despotique et tyrannique qu'il soit, il n’en est pas moins déstabilisé par la nature pacifiste de notre Mouvement. Le MAK agit et milite dans le cadre d'un combat résolument politique et pacifique. Le régime algérien, lui, ne sait fonctionner que dans la violence, la répression et la tyrannie.

Nous nous organisons pour contourner les entraves à notre liberté d’agir. Certes, nous évoluons dans un environnement hostile aux libertés, et nous en subissions les affres, mais il n'y a pas d’obstacle incontournable quand un peuple est déterminé à protéger son existence et sa liberté.

Au quotidien, le MAK ne demande jamais d’autorisation pour tenir ses activité, ne reconnaissant pas l’Etat colonial algérien et ses institutions. Loin des salons et les salles officielles, le MAK investit directement la rue pour être avec les citoyens. Un travail de proximité est mené de façon permanente à travers des réunions, des rencontres citoyennes, des meetings ...

Et si nous mobilisons c'est parce que nous agissons selon les principes nobles de liberté, de justice et d'égalité. Le peuple kabyle ne peut pas s'accommoder d'une existence de servitude et de soumission. Une telle situation n'est pas supportable pour le peuple kabyle, attaché plus que tout à son identité, à sa liberté, à sa dignité.

Or, il se trouve que seul le MAK mène ce combat de dignité et de liberté, non seulement pour la Kabylie, mais aussi, par extension, pour tous les peuples amazighs qui veulent se libérer du joug colonial et qui songent enfin à réaliser leurs destins en tant que peuples et nations amazighs. C'est un droit légitime reconnu par l'ensemble des Etats membres de l'ONU, dont l'Algérie; et ce droit garantit le droit des peuples à disposer d’eux même. ...voilà pourquoi le MAK mobilise.

Propos de Bouaziz Ait-Chebib à kabyle.com le 02/06/2016.

Au MAK on trouve des autonomistes et des indépendatistes. Quelle est la ligne directive exacte de la direction?

Les protagonistes de toutes les sensibilités peuvent démocratiquement s’exprimer dans les instances du MAK, y défendre et promouvoir leurs options pour peu qu’ils agissent dans le cadre du respect des résolutions adoptées par le Congrès.

La ligne politique du Mouvement est d’aboutir à un référendum d’autodétermination du peuple kabyle qui lui seul déterminera la nature autonome ou indépendante du futur Etat kabyle. C’est on ne peut plus clair.

Pour ce qui est de la direction du MAK, c’est exactement la même chose : Il y a une seule et même ligne directrice pour tout le monde : le référendum d’autodétermination. Ensuite le peuple kabyle, qui aura été convaincu par l’une ou l’autre des options décidera souverainement. Il ne reste plus qu’à convaincre…

Propos de Bouaziz Ait-Chebib à kabyle.com le 02/06/2016.

Comment le MAK a réussi à redonner confiance aux kabyles?

La force du MAK réside dans son projet qui s’inscrit dans une totale rupture avec les visions algérianistes qui nous ont conduits à cette situation où la Kabylie est menacée de mort. La clarté de son discours qui est franc, direct et rassembleur a pu redonner confiance et espoir au peuple kabyle qui a connu beaucoup trop de déceptions.

Le fait que le MAK a décidé dès sa création à ne prendre part à aucune élection algérienne joue en sa faveur au moment où la confiance a été rompue entre la Kabylie et « ses élus » qui n’avaient même pas osé démissionner en 2001 pendant que le régime antikabyle, auquel il servait de caution démocratique, tirait sur nos enfants avec des balles explosives.

Les forces du MAK énumérées ci-dessus n’auraient jamais pu exister sans la détermination et l’engagement sincère de ses militants qui sont des exemples rassurants de patriotisme. Ils militent pour une Kabylie libre loin de toute ambition carriériste.

Propos de Bouaziz Ait-Chebib à kabyle.com le 02/06/2016.

Le MAK est-il extrémiste, xénophobe ou anti nationaliste?

Ce que subit le MAK comme diffamation et diabolisation dénote qu’il est le cœur de la vie politique en Afrique du nord. C’est justement parce que son combat est noble et juste que les ennemis de la liberté le qualifient de tous les noms et de tous les maux.

Qu’on nous explique en quoi nous sommes extrémistes ? Est-ce que c’est nous qui agressons les gens pour qu’ils adoptent de force notre langue, notre culture et notre identité ? Est-ce que nous les assassinons ? Le xénophobe est celui qui ne supporte pas l’existence de l’autre, pour l’heure, l’ostracisme c’est le kabyle qui le subit et non l’inverse alors si xénophobe il y a, il est dans toutes les instances de l’Etat algérien.

Nous sommes anti nationalistes de quoi ? De la nation arabe en Afrique du nord ? Alors là Oui nous sommes contre cette nation qui n’existe d’ailleurs pas ; et si d’autres veulent s’y construire ou s’y désintégrer, qu’ils ne nous imposent pas de nous dissoudre avec eux. Ils sont libres de le faire mais pas de nous l’imposer. Pour être anti nationalistes, il faut qu’il y ait nation, or, il n’y a pas de nation algérienne. Notre patrie et notre nation sont la Kabylie.

Propos de Bouaziz Ait-Chebib à kabyle.com le 02/06/2016.

Pourquoi le MAK fait peur au pouvoir militaire algérien ?

Le MAK a le soutien de la Kabylie. C’est ce qui fait peur au pouvoir militaire algérien qui est bien conscient du fait que le processus de libération de la Kabylie est irréversible. Il tente de gagner du temps car il sait mieux que quiconque qu’aucune puissance militaire ne peut arrêter un peuple qui a décidé de se libérer.
Pour le pouvoir militaire algérien, la liberté du peuple kabyle est inéluctable et entraînera forcément sa chute et la reconfiguration politique de l’Afrique du Nord.

Propos de Bouaziz Ait-Chebib à kabyle.com le 02/06/2016.

A quoi sert le GPK (Anavad) ?

A la création du GPK (Le Gouvernement Provisoire Kabyle) le 1er juin 2010, le MAK a mis le cap sur l’internationalisation de la question kabyle afin de gagner en visibilité et forcer l’admiration des consciences universelles en vue de se solidariser avec son combat. Pour donner plus d’atouts et de force à l’action diplomatique menée par l’Anavad (Anavad veut dire Gouvernement en kabyle), nous avons opéré un saut qualitatif en passant de l’autonomie à l’autodétermination pour inscrire la question kabyle dans le cadre du droit international.

Depuis, la question kabyle s’internationalise davantage, ce qui travaille en sa faveur. Dans toute démarche libératrice, le soutien de la communauté internationale est important. Le cas du MNLA qui a libéré militairement l’Azawad sans pouvoir concrétiser son projet d’indépendance est plus qu’édifiant.

L'Anavad, à travers sont travail d'internationalisation, nous a permis de faire connaître la Kabylie et son combat et surtout de sortir du huit-clos avec l’Algérie qui redoute justement ce soutien international. L’internationalisation de la question kabyle se nourrit aussi de la formidable mobilisation du peuple kabyle aussi bien à l’intérieur que dans la diaspora.

Propos de Bouaziz Ait-Chebib à kabyle.com le 02/06/2016.

Est-ce vrai que la quasi-totalité des militants du MAK sont issus de la communauté universitaire?

Le MAK est présent dans toutes les couches sociales comme le confirme la formidable mobilisation du 20 avril 2016 et les différentes coordinations installées dans les villages et les villes. La communauté universitaire est considérée dans le monde comme le moteur de toutes les révolutions. Les étudiants kabyles n’ont pas dérogé à cette règle en reprenant le flambeau de leurs aînés qui ont été les pionniers de la cause identitaire en 1949 et les véritables éclaireurs de consciences en 1980.

Le MAK se félicite du fait qu’il contient dans ces rangs un nombre important d’étudiants et le mérite revient d’abord à son projet révolutionnaire qui motive la communauté universitaire et surtout au travail accompli par ses conseils universitaires qui ont su transmettre un message de vérité, d’espoir et de liberté sans moyens mais avec beaucoup de détermination et de sincérité.

Propos de Bouaziz Ait-Chebib à kabyle.com le 02/06/2016.

Le MAK soutient-il Issaad Rebrab dans ses conflits avec le pouvoir algérien?

On va dire que le MAK est dans une démarche de "patriotisme économique". De ce fait, il défend les investisseurs qui choisissent d’investir en Kabylie, donc Rebrab aussi. Mais par son anti-kabylisme, le gouvernement algérien fait tout pour appauvrir le peuple kabyle en pratiquant une politique de contre-développement, notamment en faisant fuir les investisseurs au moyen de la terreur (kidnappings) et du terrorisme bureaucratique.

Le MAK ne fait pas de Rebrab une fixation. Quand ce dernier ou un autre opérateur économique installe ses usines en Kabylie, le gouvernement algérien fait tout pour les obliger à fermer leurs entreprises ou à les délocaliser dans le seul but d’affamer le peuple kabyle. Une usine fermée aura des conséquences néfastes sur des centaines de travailleurs qui se trouveront sans gagne-pain. Donc on ne peut pas se taire devant des situations pareilles. Et c’est dans cette optique que nous soutenons tous les investisseurs y compris Rebrab qui créent des emplois en Kabylie.

Propos de Bouaziz Ait-Chebib à kabyle.com le 02/06/2016.

 

Sources :
Entretiens de Ferhat Mehenni à  lematindz.netalgerie-focus.com
Entretiens de Bouaziz Ait Chebib à  kabyle.comtamazgha.fr