• Après six ans d’existence, le MAK tient son congrès constitutif à Ighil Ali

    Un demi-siecle après le congrès de la Soummam du 20 août 1956, la Kabylie vient de prendre, une fois de plus, rendez-vous avec l’histoire.

    La différence aujourd’hui, c’est que les Kabyles acquis à la cause de Ferhat Mehenni, l’illustre et infatigable “maquisard de la chanson engagée” et militant de toutes les causes justes, puisqu’en fait, il s’agit du congrès constitutif du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK),qui s’est tenu le 14 août 2007 à Ighil Ali, se sont réunis pour appuyer l’alternative proposée par Ferhat Mehenni depuis le 5 juin 2001 pour la Kabylie et uniquement la Kabylie, et cela, en officialisant la revendication, objectif du MAK, qui n’est autre que le statut de large autonomie régionale de la Kabylie, région réputée pour sa générosité, mais aussi, pour sa ténacité à la liberté.

    Il était temps que les Kabyles pensent d’abord à eux, car, depuis la nuit des temps, leur région a toujours été solidaire avec les autres en étant à l’avant-garde de toutes les résistances algériennes. Tout cela pour se retrouvée à chaque fois paradoxalement… isolée ! Revenons à Ighil Ali et au congrès constitutif du MAK : Depuis six ans donc, le MAK, par le biais de son porte-parole et fondateur, Ferhat Mehenni (devenu, sous l’insistance des congressistes, président du mouvement à la fin des travaux) et de ses compagnons de combat, a brisé un tabou très important. En effet, la notion de “peuple et de nation Kabyle” a finie par être banalisée, mais à quel prix ! N’oublions jamais, car le vent de l’histoire est entrain de souffler, comment la création du MAK a été “accueillie” ! La réaction, toutefois inattendue, et la surprise vraiment désagréable sont venues de la presse écrite algérienne, qui, après avoir essayé, en vain, de “diaboliser” le projet d’autonomie de la Kabylie, n’a pas trouvé mieux que de s’attaquer, directement et subjectivement, à la personne même de Fehat Mehenni en utilisant tous les “moyens” possibles pour le discréditer faisant ainsi de l’intox et de la désinformation.

    Il est vrai que depuis que le tabou “peuple et nation Kabyle” a été brisé, l’alternative proposée a fini par séduire tous les Kabyles, y compris ceux qui ne le déclarent pas. Donc, il ne restait plus qu’ à s’attaquer au porte-parole du MAK. Ainsi donc,le fils de chahid, le double-detenu pour avoir osé lutté pour toutes les causes justes (dont la liberté de… la presse (sic)sous le régime du sinistre Colonel Boumediène en plus !)… est devenu à en croire notre sale presse écrite acquise au pouvoir, “un homme dangereux”.

    Voilà comment certains organes de presse s’autoproclamant “libres et indépendants” utilisent cette liberté pour laquelle, eux même, n’ont même pas eu le courage de lutter du temps où “cet homme dangereux pour l’Algérie” le faisait si bien.

    Leur memoire est vraiment courte. Ne parlons pas de la presse arabophone d’obédience islamo-baâthiste : Pas plus tard que le 28 juillet 2007, “El-Bilad” a consacré tout un reportage pour présenter le MAK comme étant “un mouvement évangéliste dont le but serait de déclencher une intervention militaire étrangère”, et cela, sans avoir omis de montrer Ferhat Mehenni derrière une église (photo montée évidemment). De toutes façons, toutes ces tentatives de sabotage ne ferons que retarder l’échéanche, pas plus. La preuve, durant le discours d’ouverture du constitutif du MAK qui a duré plus d’une heure trente, après bien sûr la minute de silence observée à la mémoire de tous les martyrs de la démocratie, à aucun moment, ferhat Mehenni n’a fait allusion à ces attaques. En fait, il sait très bien où est l’ennemi et, n’oublions pas qu’il a obtenu sa licence en Sciences Politiques du temps où les études supérieures avaient une valeur en Algérie.

    A propos de ’situer’ l’ennemi, Ferhat Mehenni a évoqué la malheureuse expérience, à juste titre d’ailleurs, de l’ère de la démocratie en déclarant que “les partis démocrates ont oublié que leur ennemi commun est le pouvoir et se sont mis à s’entre-déchirer plutôt que…”. Qui oserait le démentir ? Durant le discours d’ouverture donc, Ferhat Mehenni a été loin dans l’histoire des résistances algériennes dont la Kabylie a été à l’avant-garde, et cela, en commençant par 1857 avec l’héroine Lla Fatma N’Soumeur pour ensuite rendre hommage à toutes les grandes figures historiques Kabyles. Citons Cheikh Aheddad, Laimèche Ali, Boulifa, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Bessaoud Mohand Arav, Matoub Lounès… La liste est très longue. Bien sûr, la Kabylie était au rendez-vous avec l’histoire de la naissance du nationalisme algérien en 1926.

    Il y a eu aussi la crise dite “berbériste” de 1947/1949. La guerre de libération ? Inutile d’en parler… Enfin, un vibrant hommage a été rendu à tout le village d’Ighil Ali, village de Taos et Jean Amrouche sans oublier leur mère, Fadhma Ath Mansour. En tout cas, l’histoire retiendra encore le nom de ce village pour avoir “signé l’extrait de naissance du MAK !” en ce mardi 14 août 2007. Là où Ferhat Mehenni s’est, quand même “emporté”, c’est lorsqu’il a déclaré en parlant de l’attitude du pouvoir algérien vis à vis de la Kabylie qui se retrouve toujours isolée : “Faudra-t-il demander l’indépendance pour obtenir l’autonomie ?”. Il faisait, en fait, allusion à la manière dont Tamazight est devenue langue “nationale” sans être “officielle”.

    Tout le monde connaît cette interminable histoire. En tout cas, Ferhat Mehenni a été très clair concernant les raisons de l’obligation des Kabyles à se radicaliser et à… penser à eux ! Le PAK, la charte et les statuts du MAK n’ont rien laissé au hasard (consulter le site du MAK www.makabylie.info). La Kabylie sera toujours algérienne mais elle sera maîtresse de sa destinnée. Après le discours du porte-parole du MAK, la parole a été donnée aux invités et une lecture des messages de soutien au MAK a été faite. Citons l’importance du message des autonomistes établis au Québec qui ont insisté sur la réussite de l’expérience québécoise, mais aussi, les auteurs du message ont bien dit que les Kabyles pouvaient très bien faire mieux ! L’après-midi a été consacré aux travaux, notamment, à l’entérinement définitif par le congrès, après amendements, au PAK, la charte et les statuts du MAK. Ces documents serviront de “programme” au MAK et seront accessibles sur le site du mouvement (www.mabylie.info).

    Enfin, Ferhat Mehenni a été élu à l’unanimité, alors qu’il n’a même pas voulu se présenter, président du MAK. En fait, c’est vrai que le souci des dirigeant du MAK est d’éviter, lorsque l’autonomie sera arrachée (après référendum au moment venu), de confisquer le sigle de la lutte du peuple Kabyle : Le MAK ira à un congrès d’auto-dissolution : Ce sera de l’inédit dans l’histoire de toutes les luttes des peuples de l’humanité. Mais, aller au point de ne pas se présenter pour conduire le MAK à la victoire, Ferhat Mehenni en a trop fait. C’est Dda Mohand Ouammar Hachim (ancien moudjahid et membre du FFS de 1963)qui a intervenu pour dire à Ferhat Mehenni que personne n’a son expérience et que le MAK, et toute la Kabylie d’ailleurs, a encore besoin de lui.

    Pour clôpturer le congrès constitutif du MAK, les communes ont désigné leurs représentants au conseils national. Le MAK sera donc structuré, mais, le vrai travail des militants et leur combat ne font que commencer. Il leur faudra beaucoup de courage et de patience.

    Kamel SOUAMI