• Pour un statut de large autonomie pour la Kabylie

    Le MAK projette-t-il de démocratiser l’Algérie ?!! C’est du moins ce que laisse entendre la déclaration liminaire de la conférence de presse animée par le MAK à l’occasion de son 3eme anniversaire à Tizi-Ouzou ce Samedi 5 juin 2004. Etaient présents à cette conférence de presse : Ferhat Mehenni, porte-parole du MAK, Ahmed Aït Bachir, Hammou Boumediène, Bouaziz Aït Chebib et Saïd Laïmchi, tous responsables du MAK.

    – Tamazagha.fr –

    TIMANIT I TMURT N IQVAYLIYEN
    MOUVEMENT POUR L’AUTONOMIE DE LA KABYLIE
    MAK
    Conférence de presse du MAK à l’occasion de son troisème anniversaire.

    Déclaration Il y a trois ans, dans le feu des événements du Printemps Noir 2001, une initiative politique a regroupé certaines personnalités de notre région pour fonder le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie. Cette initiative est venue, à la fois, pour faire sortir la Kabylie de la spirale de la violence dans laquelle voulait l’enfermer le pouvoir et pour répondre à une attente populaire d’une alternative à même de dépasser l’impasse politique dans laquelle se trouvait notre région depuis l’indépendance de l’Algérie.

    L’idée de l’autonomie de la Kabylie qui circulait jusqu’alors dans les milieux intellectuels et culturels a naturellement trouvé son prolongement politique dans la douleur des événements du Printemps Noir. La naissance du MAK répondait à un besoin de rupture politique pour solutionner nos problèmes identitaires, linguistiques économiques et culturels par la mise en place d’institutions propres à la Kabylie. A travers le MAK, c’est l’émergence du peuple Kabyle en tant qu’entité historique qui a vu le jour ; à travers le MAK c’est un tabou de plus qui s’est brisé pour capitaliser l’ensemble des sacrifices qui ont été consentis par les différentes générations de militants Kabyles ; à travers le MAK c’est aussi l’espoir de la Kabylie qui s’est remis en marche pour renouer avec son autonomie politique qu’elle a perdue en 1871 face au colonialisme français.

    Depuis le 5 juin 2001, le MAK s’est attelé à travers ses nombreuses rencontres à expliciter son projet d’autonomie, à faire partager ses objectifs tout en restant à l’écoute des questionnements et des attentes de la population. Après trois ans, le bilan du MAK est éloquent même si beaucoup de choses restent à faire. Malgré des campagnes de dénigrement, une censure omniprésente et quelquefois la déformation de nos propos, aujourd’hui on peut se réjouir du fait que le débat public sur l’autonomie de la Kabylie se soit définitivement installé dans la société. Les nombreuses tentatives qui ont voulu confondre l’autonomie et le séparatisme n’ont pas résisté à la force des arguments de notre mouvement.

    Le MAK a, d’autre part, réussi à faire sortir la Kabylie de son isolement international en faisant entendre sa voix sur l’ampleur du drame auquel elle est soumise par le pouvoir central algérien. Que ce soit au niveau du Parlement Européen, qu’au niveau des ONG, qu’à travers les médias étranger le MAK n’a pas manqué d’apporter son témoignage sur les exactions commises par le pouvoir algérien et dénoncer l’assassinat de plus de 124 kabyles, et d’alerter l’opinion internationale sur les risques de glissement de la question kabyle du terrain politique vers celui de la violence armée.

    Le MAK qui s’est toujours refusé d’être à l’origine d’une quelconque fracture en Kabylie a toujours privilégié la voie du dialogue entre les forces kabyles et milité pour la sauvegarde de la cohésion de la région. Cette démarche résulte d’une conviction qu’indépendamment des positions des uns et des autres aujourd’hui, nécessairement la raison prévaudra et dans un avenir proche la Kabylie rassemblera tous ses enfants autour de ses valeurs, son identité propre et dans le respect de la collectivité nationale.

    Les résultats des dernières élections présidentielles d’avril 2004, malgré la fraude qui les a caractérisés, confirment si besoin est que la Kabylie est sur une autre trajectoire politique que le reste des autres régions du pays. Aujourd’hui il s’agit de traduire sur le plan institutionnel ce particularisme électoral et politique qui se répète et singularise notre région, par la reconnaissance d’un statut de large autonomie pour la Kabylie. Il y va de l’avenir de la Kabylie comme de celui de tout le pays : On ne peut rester dans cette situation d’un conflit permanent marqué par des révoltes populaires continues alors qu’il revient aux politiques de poser les problèmes dans le cadre d’institutions crédibles souverainement approuvées par le peuple Kabyle et reconnues sur le plan constitutionnel par l’Etat algérien.

    La Kabylie, dotée de ses institutions propres et forte de son expérience démocratique, sera plus utile pour l’Algérie qu’en restant dans la situation où elle se trouve encore aujourd’hui. Ce n’est pas le fait de l’affubler, même de bonne foi, des meilleures et généreuses formules du genre “la Kabylie est le syndicat de l’Algérie” ou “la Kabylie est la locomotive de la démocratie”… qui changera quelque chose à son retard économique et social sur le reste du pays ou qui lèvera les menaces qui pèsent sur son identité et sa culture. Le débat sur l’officialité de la langue amazighe, n’est en fait qu’un jeu politicien à travers lequel on veut juste occulter l’essentiel, à savoir la reconnaissance du peuple Kabyle en tant que tel et de ses droits dans son pays et sur sa propre terre.

    La Kabylie, dans le prolongement de son Histoire, doit rester solidaire du reste du pays, mais elle doit prioritairement se recentrer sur elle-même. Les Kabyles ont pour ambition de contribuer avec les autres Algériens au développement politique, socioéconomique et culturel de l’Algérie, mais ils n’ont pas vocation à se substituer au reste de leurs compatriotes. La Kabylie n’a pas à confondre ses aspirations avec celles différentes des autres régions. Elle n’a pas intérêt à considérer, comme au temps du colonialisme français, que c’est à elle et à elle seule que revient la lourde charge de porter le combat de tous les Algériens que ce soit à travers une plate forme ou une structure politique. Il nous importe à tous de tirer les conséquences et les leçons de notre passé. A chaque fois que les forces kabyles se sont éloignées de la Kabylie, elles ont fini par rompre le lien social qui fait l’efficacité de leur action politique.

    Le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie, pour avoir tiré les enseignements de l’histoire politique de notre Région, reste persuadé que le moment est venu de rompre définitivement avec l’héritage du système politique colonial, que l’avenir est dans la démocratie participative, que le choix n’est pas pour la jeunesse kabyle entre les balles assassines des gendarmes ou l’exil, que le peuple Kabyle recèle en lui assez de force pour relever les défis du XXIeme siècle. Le MAK, d’essence démocratique et pacifique, trouvera, avec le concours de toutes les bonnes volontés kabyles, les voies et moyens pour y parvenir.

    Vive la Kabylie autonome !
    Vive l’Algérie démocratique !
    Gloire à nos martyrs ! Tizi-Ouzou, le 5 juin 2004.